
VOTRE MÉTAMORPHOSE PAR L'HYPNOSE
LUANA MALLETROIT MEDEIROS DE CERQUEIRA
MAÎTRE-PRATICIENNE EN HYPNOSE


Textes distingués
Prix Littéraire Ecrire Aufeminin
en partenariat avec les Editions Michel Lafon.
Chaque année, ce concours propose d'écrire une nouvelle (un texte court, peu de personnages avec une chute percutante) à partir d'une thématique imposée. Les textes sont ensuite soumis au vote d'un jury composé de professionnels de l'édition et de personnalités médiatiques.
Participation au Prix littéraire 2018
Jury: Agnès Martin-Lugrand (romancière), Elsa Lafon (Directrice Générale des Editions Michel Lafon), Olivier Abécassis (Président Directeur Général d'aufeminin), Anne-Claire Coudray (journaliste et animatrice), Olivier Norek (écrivain),...
Classement: dans les 12 nouvelles finalistes sélectionnées par le Comité de lecture sur les 763 en lice.
"DEUXIEME CHANCE"
(sur le thème "L'heure bleue")
"A l'endroit de notre premier baiser,
Au jour du solstice d'été,
A l'heure bleue tu me trouveras,
Ton cœur me reconnaîtra"
C'est à lui que j'ai pensé en lisant ces mots, envoyés d'un numéro inconnu Je me suis assise en tremblant, la respiration saccadée. J'ai senti une brèche s'ouvrir dans ma tête, à l'endroit où j'avais calfeutré tous les souvenirs. Ils ont déferlé tels un tsunami.
Flash-back sur son sourire éclatant, un jour d'automne dans une rue pavée.
Flash-back sur une fin d'après-midi pluvieuse en voiture et je revois ma main qui caresse sa nuque, tendrement.
Flash-back sur une chambre éclairée par la lune, je l'entends respirer tranquillement à mes côtés.
Flash-back sur cet instant précis, tout contre lui, après une longue absence. Je m'émerveille de sa taille si adaptée à mes petits bras. Comme si cela confirmait que nous étions faits l'un pour l'autre.
Flash-back sur tout ce que cette histoire a pu contenir de beau: les regards complices, le besoin constant de se toucher, les rires, la tendresse, les caresses, la connaissance profonde de l'autre, de ses blessures, cette sensation d'unité. La beauté de l'évidence, tout simplement.
Puis la machine s'emballe, recrache ce qu'elle a de plus vil, de plus douloureux. Le doute. L'idée qu'il y avait d'autres choses à voir, d'autres choses à vivre. Seule. Cette décision que j'ai prise. Son interminable cri qui résonne encore dans mes oreilles. Celui de la souffrance qu'il a cherché à étouffer dans un oreiller, déjà trempé par les larmes. La déchirure de ce moment. Ma plaie à l'âme. Le regret qui m'a suivi comme mon ombre pendant toutes ces années.
La vie offre-t-elle des deuxièmes chances ? En revenant, après mon long voyage, je n'ai pas osé le recontacter directement. Il devait me haïr. Et il avait quelqu'un. Alors, ce soir, avec ce message, je sens que la voie est libre. Mélange de joie et de peur.
L'heure bleue. Il savait que c'était mon moment préféré de la journée. Cet instant étrange qui succède à la mélancolie du crépuscule. Mais surtout sa richesse: le parfum plus intense exalté par les fleurs, la douce symphonie des oiseaux, ce calme qui mène à l'introspection. C'est dans cette atmosphère paisible que j'avance vers le lieu du rendez-vous. Le cœur battant, de crainte, d'espoir. D'amour, déjà. D'amour, encore.
Mais soudain, tout se brise dans cette scène trop bien huilée. De loin, sous le kiosque romantique, à la lumière des lampions, ce n'est pas une personne que je vois. Mais deux. Je m'arrête aussitôt en le reconnaissant, accompagné d'une jeune femme. Dans une vision d'horreur, je le vois lentement s'agenouiller devant elle et lui présenter une petite boîte ouverte. Le temps s'étire comme dans un mauvais rêve. Ce "oui" qui retentit clairement est comme une flèche qui vient me transpercer le cœur.
Je m'enfuis précipitamment de cet endroit désormais maudit.
Quelques heures plus tard,
nouveau message.
De ceux qui brisent.
Un simple: "Ça aurait pu être toi".
Participation au Prix littéraire 2020
Jury: Marie Drucker (journaliste et animatrice télé), Elsa Lafon (Directrice Générale des Editions Michel Lafon), Olivier Norek (écrivain), Bruno Combes (écrivain), Nicolas Carreau (chroniqueur littéraire),...
Classement: dans les 12 nouvelles finalistes sélectionnées par le Comité de lecture sur les 938 en lice.
"ENGRENAGE"
(Sur le thème "Fais ce qu'il te plait")
J'aime la manière dont tu me fixes, la toute première fois. Cet air de défi mêlé d'une nette attirance. Puis la façon dont, plus tard, tu poses tes lèvres sur moi. Avec précaution, délicatesse. Empreints d'une certaine maladresse. A ton contact, je m'embrase sur-le-champ. Tu me propulses jusqu'au firmament. C'est alchimique, intense et fugace. Un instant teinté de grâce.
Malheureusement, tu as quelqu'un. Une fille du lycée qui ne m'aime pas. Qu'importe. Je te laisse encore un peu te perdre dans ses bras. En attendant, je frémis, me consume sous d'autres doigts. J'attise ta jalousie et ton envie. C'est toi ma cible, c'est toi ma proie. Mais c'est important que tu me reviennes par choix.
Au début, notre relation se noue sur de furtives rencontres en soirées. Dans le dos de ta copine, avec qui c'est déjà compliqué. Je constate que tu m'abordes plus facilement quand tu es imbibé. L'alcool trahit ta véritable affinité.
Enfin, tu te décides à la quitter.
Dans la même foulée, c'est vers moi que tes pas te guident. Je m'illumine instantanément. Dans tes yeux, nulle trace de regret. Seulement cette flamme qui brille. Je jubile en secret. Cette nuit-là, nous scellons notre osmose dans le feu de la passion. Sensation grisante de m'évaporer, de partir en fumée. Impression de ne faire plus qu'un avec toi. Puis avec l'Univers tout entier.
A mes côtés, tu te révèles audacieux, insouciant, vivant. Tu te sens enfin libre de faire ce qu'il te plaît. D'être qui tu veux. Tout est possible. Là où l'autre était castratrice, je me présente comme salvatrice. Je te fais Homme. Je matérialise cette bouffée de paix à laquelle tu aspirais.
Je suis là au quotidien dans les bons moments comme dans les mauvais. Soutenante. Apaisante. Secourable. Je suis là quand tu échoues à ton permis. Quand tu t'effondres en pleurs aux décès de ta famille. La seule qui reste quand même tes amis désertent.
Et malgré toutes ces années de loyauté, je te vois qui doutes, qui souffres. Parfois, tu pars simplement sans un regard. De plus en plus souvent. Tu voudrais me bannir de ta vie. Alors que c'est moi, inévitablement, qui me consume à chaque fois. Ce sont mes cendres qui se répandent aux quatre vents lorsque tu me délaisses.
Aujourd'hui encore, tu oses dire que je t'étouffe. Tu juges notre relation toxique. Tu dis que je vais finir par te rendre malade. Tu parles de rompre, d'arrêter. Pour de bon, cette fois.
Mon pauvre Amour. Tu le répètes si fréquemment que c'en est même plus crédible. Je ne suis pas de celles que l'on quitte aisément, tu sais. J'ai instillé en toi, profondément, la graine de l'Éternel retour.
Tu ignores la puissance de ma détermination. Je ne renonce jamais à un empire. Jamais. Tu es bien trop imprégné pour te permettre de revenir en arrière. Toi et moi, ce sera jusqu'à la mort.
Alors, vas-y, allume-moi encore une fois. Porte moi à tes lèvres. Embrase-moi. Entamons notre ultime danse à la flamme de ton briquet.
Inhale, ce soir, ce que tu penses être ta dernière cigarette.
Alors, certes, je n'ai pas (encore) été sur le podium pour ce concours.
Mais peu importe, deux fois parmi les finalistes parmi autant de participants, c'est déjà une belle victoire.
Et puis, je vais l'avoir à l'usure ce jury.
A force de voir mon nom à rallonge, ils vont bien finir par céder…